mercredi 6 octobre 2010

Le Mans

Rappel des faits précédents : en 1986 naît le groupe Aventuras de Kirlian, fondé par quatre jeunes filles et gens provenant de San Sebastián. En mai 1989 paraît leur premier et unique mini-album, qui est un échec commercial. Que diable va-t-il bien pouvoir se passer ?


Dans un premier temps, le groupe a envisagé de poursuivre sous cette formation, en proposant de nouvelles maquettes à leur label d’alors, DRO. Mais la réaction plus que mesurée de ce dernier pousse Aventuras de Kirlian à reprendre sa liberté et à choisir une ligne directrice. Ils décident qu’ils ne seront jamais dépendants de l’appréciation de tel ou tel label, qu’ils n’enregistreront que la musique qui leur plaira. Ils décident, dès lors, qu’ils ne seront jamais musiciens professionnels, que la musique sera leur hobby, un hobby auquel ils penseront certes 24 heures par jour, mais qu’importe. C’est forts de ces principes qu’ils continuent à travailler leurs chansons. La rencontre de Gorka Ochoa, durant l’été 1991, apporte une nouvelle dimension au groupe : en effet, ce dernier est batteur. Pour de vrai. Peru Izeta, qui tenait ce rôle jusque là de manière semi amatrice, lui confie donc les baguettes pour reprendre sa guitare, instrument qu’il maîtrise mieux. De manière générale, chaque membre du groupe progresse d’un point de vue technique, ce qui n’est en soi pas très compliqué : ils n’ont jamais caché que si leurs morceaux duraient entre une minute et demi et deux minutes, c’était parce qu’ils n’étaient pas capables de changer d’accords autant que le nécessiterait une chanson plus longue. L’arrivée d’Ochoa donne donc une impulsion nouvelle à l’ensemble, et de 1991 à 1993 le groupe travaille des chansons qui constitueront leur premier album.


Car oui, "premier album" : une décision majeure a été prise: le groupe s’appellera désormais Le Mans. Bien sûr pour des Français cette décision est étrange (pourquoi pas Caen, ou Le Havre ?), mais à l’étranger cette ville est surtout connue pour sa course de voiture. Cela étant, ça ne nous explique pas le pourquoi du choix d’un tel nom, mais est-ce là l’essentiel ? La réponse est non[1].

Ce qui compte c’est que deux ans durant, pendant les vacances d’été, Le Mans se réunit, travaille des morceaux, enregistre quelques maquettes, joue en public à de rares occasions (ils ne sont pas fanatiques de l’exercice et ne feront en tout qu’une quinzaine de concerts) et commence à se faire un petit nom.


Fin 1993, Elefant Records publie leur premier album, judicieusement intitulé Le Mans. Pourtant, les membres du groupe affirment déjà que ce disque ne correspond pas à la musique qu’ils veulent faire, qu’il n’est qu’une sorte de compte-rendu de ce qu’ils ont créé dans ces premières années de la décennie, une sorte d’excroissance d’Aventuras de Kirlian. Cela se ressent, on retrouve ce côté dépouillé de leurs débuts, ces accords qui tournent en boucle. Mais force est d’admettre que l’on sent aussi les progrès accomplis par chacun. Quand on entend « Un rayo de sol », ce n’est plus d’un groupe d’adolescents qu’il s’agit, mais d’un groupe pop capable de produire un son aussi enthousiasmant que bien des groupes de Brit pop alors en vogue. L’arrivée d’Ochoa apporte à la fois une rythmique plus solide, et la possibilité d’ouvrir la musique du groupe à de nouvelles sonorités puisqu’Izeta a les mains libres et peut les employer à apporter de nouveaux instruments au travail d’ensemble (guitare acoustique rythmique, claviers…). Cela  étant, ce n’est pas encore la révolution Le Mans, on retrouve des morceaux plutôt courts avec une rythmique peu évolutive mais éminemment agréable, tels « Por tres años » ou « Al bulevar ». Le groupe ose également afficher grand ses influences en les citant directement, que ce soit via les paroles (Marvin Gaye nommé dans « Jersey inglés ») ou via la musique (le  gimmick aux claviers d’ « Un rayo de sol » est emprunté à « Running away » de Sly & the Family Stone, plusieurs éléments d’ « H.E.L.L.O. » le sont à « A place in my heart », d’Orange Juice, etc.). Cette absence d’inhibition par rapport aux influences semble être cohérente avec la volonté du groupe de faire les choses en amateurs. Aucun ego ne semble entrer en jeu ici, aucune volonté d’être considéré comme vecteurs de nouveauté. Simplement le goût et l’envie de faire de la musique, nourri par d’autres artistes à qui le groupe fait des clins d’yeux plus ou moins appuyés. Cette envie se ressent, le premier album de Le Mans a la fraîcheur parfois maladroite des débuts, de l’enthousiasme initial. Mais les membres du groupe voient déjà plus loin. Ils n’ont pas de temps à perdre.


C’est ainsi qu’Entresemana paraît dès l’été 1994 (soit à peine six mois après Le Mans). Le groupe considère ces huit morceaux comme un acte de naissance effectif, un détachement du son indie pop des débuts. C’est une évidence dès « Con Peru en la playa »,  le morceau d’ouverture. On sent au rythme posé, à la voix en écho de Jone Gabarain, à cette impression d’une musique qui prend son temps, presque contemplative, que le groupe a évolué. Et puis vient « La tarea », qui agit comme une sorte de révélation sur ce que va être le son Le Mans, un son qui accorde davantage de place à la musique, qui la laisse s’épanouir. Ce morceau détonne surtout par l’apparition d’instruments à cordes (un violon et un violoncelle) qui finissent par s’imposer tout en douceur et en finesse pour finalement être, et de belle manière, ce qui apporte l’émotion de la chanson. Avec ces deux premiers morceaux on a le sentiment de véritablement prendre connaissance de ce qu’est et de ce à quoi aspire Le Mans. Cependant l’album est très bref, huit morceaux, et malgré la volonté de poser les jalons d’une musique, d’un style, on a davantage l’impression d’être face à un album de transition qui met en place un son en l’appliquant à un format de chansons déjà existant. Du moins, c’est l’écoute que l’on peut en faire a posteriori, après avoir suivi l’évolution du groupe. Cela étant, le plaisir reste intact de retrouver la légèreté du son initial, comme dans « San Martín », même si ce son semble légèrement teinté de gris, de nuageux. Peut-être est-ce du à la tonalité mélancolique qu’apportent parfois les cordes à cet album. Et puis arrive le dernier morceau « Perezosa y tonta », et son « Triste y sola estoy » de refrain qui donnent un sentiment mélangé : le titre (littéralement « paresseuse et idiote ») annonce de toute évidence une couleur ironique, mais la chanson en elle-même est un morceau de spleen, et ses paroles évoquent simplement un sentiment de malaise, de solitude et de tristesse. On ne sait donc pas trop sur quel pied danser, tenté un instant de dire que c’est une chanson de pluie, et d’ailleurs il n’y a qu’à écouter ces cordes qui une fois de plus font un beau boulot, puis l’instant d’après tenté de dire qu’au fond c’est une vaste blague, une sorte de pied de nez aux chansons mélancoliques… Qui sait ? A cet instant, si l’on a pu faire connaissance du son Le Mans, on est bien incapable de dire vers quoi le groupe va nous emmener par la suite.


D’autant plus qu’il prend un malin plaisir à semer toutes sortes de pistes. C’est ainsi qu’en juillet 1995 paraît un EP intitulé Zerbina. Ce disque peut être considéré comme un pas de côté dans la discographie du groupe, puisqu’il s’agit surtout d’une collection de reprises, par différents groupes ou musiciens, de chansons de Le Mans. Cela dit la chanson « Zerbina » est bel est bien là, et clairement influencée par la « música de baile » dont sont friands les membres du groupe. On y trouve dès lors des sons synthétiques, des percussions, un groove mis en avant, bref, une tentative de chanson pour dance-floor. Si le résultat n’est pas concluant de ce point de vue, la chanson est plutôt réussie. Mais surtout, elle sème le trouble quant à l’avenir musical de Le Mans : vont-ils se lancer dans le trip-hop ? Dans la dub ? Dans l’euro-dance ? Dans la goa-transe-post-jungle ?


Toutes ces questions volent en éclat quand arrive en janvier 1996 Saudade, dont il y aurait bien des choses à dire. Il y a ce titre déjà, ce mot portugais et galicien impossible à traduire qui évoque à la fois la mélancolie et la nostalgie d’un futur fantasmé dont on sait qu’il n’existera jamais, comme le deuil d’un rêve que rien ne pourra dépasser en beauté. Un mélange de grande tristesse et de bonheur nostalgique face au sublime entraperçu et perdu. Un titre qui n’évoque donc pas la gaudriole, soutenu par une très belle pochette[2] représentant un enchevêtrement de signes ou d'objets usuels (clé de sol, cachet de la poste, feuilles séchées...), comme les ruines d’un quotidien. Et puis il y a « Desacierto », ce titre d’ouverture qui renvoie à la maladresse, à l’erreur, au doute et à l’incertitude quant à l’attitude à adopter. Le rapport à l’autre est au cœur de ce morceau et il est source de souffrances intérieures davantage que de joie, soutenu de la plus belle des manières par un accompagnement musical construit sur des guitares acoustiques et des instruments à cordes, et rythmé par une batterie très sombre. Le ton musical de l’album est posé : il sera acoustique, en tonalités graves, automnal, et surtout il sera traversé par un sentiment de nostalgie et de mal-être prononcé. Mais comme toujours avec Le Mans, ces sentiments tristes sont présentés avec élégance, et jamais on ne tombe dans  la dépression, dans la complaisance. C’est ainsi que dans « ¡Oh, Romeo, Romeo ! » se rencontrent une musique enjouée et des paroles désabusées, les une déjouant constamment l’autre, et inversement. Mais tout de même, on sent bien à l’écoute de « Lucien » que la mélancolie est à l’œuvre ici ; on a rarement entendu une évocation si juste du sentiment de séparation et d’isolement existant au sein d’un couple vaincu par les contingences. D’aucuns considèrent Saudade comme l’album le plus difficile d’accès du groupe, peut-être est-ce précisément à cause de cette tonalité sombre qui traverse le disque et lui donne son squelette. Mais il ne faut pas pour autant se fermer à lui, car il recèle tout simplement ce que Le Mans a fait de mieux jusqu’ici d’un point de vue musical, mélodique. Les arrangements sont parfaits, révélant petit à petit les richesses de l’album. L’approfondissement de la technique se fait à présent clairement sentir dans l’interprétation, le jeu des guitares est d’une grande subtilité, et les instruments à cordes trouvent de mieux en mieux leur place dans l’ensemble. Cette meilleure entente avec la musique se révèle de manière éclatante dans le morceau « Orlando », sorte de carte postale musicale évoquant un voyage où l’on imagine les jambes lourdes au départ, puis de plus en plus légères. Et puis il y a « Paramour », dernier morceau d’un album qui a représenté sous toutes ses formes le dépit amoureux, et qui relance pourtant la machine via les interrogations d’une femme sur le sens de ses pensées à propos d’un homme, puis qui décide de replonger, concluant l’album d’un « amor » qui nous fait comprendre par effet de miroir que malgré la tristesse et la douleur présentes dans l’ensemble du disque, celui-ci vaut d’être écouté pour la grande beauté qui l’anime. On songe alors au grandiose monologue final de Woody Allen dans Annie Hall, et l’on se dit que l’on a trouvé avec Saudade son équivalent musical, rien de moins.


Le Mans semble avoir toujours en travaillé en réaction à ; c’est ainsi qu’Entresemana a été conçu comme une négation du premier album, puis que Saudade a recherché une cohérence entre les morceaux qui manquait, selon les membres du groupe, à Entresemana. Mais après avoir enregistré ce troisième album ils trouvent ce dernier trop monocorde, et prennent finalement envie de revenir à une plus grande variété de styles, nourrie par l’expérience acquise depuis. C’est dans cette optique qu’est conçu Aquí vivía yo, qui paraît en octobre 1998. Cet album sera le dernier du groupe, et les musiciens le savent, ils l’ont décidé plus ou moins unanimement. Ils n’ont pas envie de se répéter, de devenir une habitude. Alors ils enregistrent ce disque avec en tête l’idée que ce sera le dernier, mais sans savoir que ce sera aussi le plus abouti. «Canción de todo va mal », le morceau d’ouverture, est là pour montrer à quel point le groupe a progressé en cinq ans d’activité discographique. La musique est enrichie de nouveaux instruments (piano, trompette), de nouvelles percussions, de samples, etc. La chanson dure huit minutes, presque exclusivement musicales avant que ne tombe un texte on ne peut plus définitif : « Todo va mal / El fin del siglo, el fin del mundo / Quién me lo va  a negar / Basta mirar / Y tener los ojos bien abiertos »[3]. On remarquera une nouvelle fois l'humour et la distance des paroles; cela étant, pour un disque qui scelle la fin d’une aventure de quinze ans, un tantinet d’amertume et de tristesse peut aussi paraître légitime. Le reste du disque est traversé par des sentiments auxquels on est habitués avec Le Mans : tristesse, ennui (l’adage primesautier « En amour on est toujours deux : un qui s’ennuie et un qui est malheureux » semble avoir été créé pour eux), séparation… Toujours le grand beau temps, en somme. Mais une fois de plus ces thèmes sont transcendés par une musique de plus en plus riche. Ainsi on trouve dans « El amor » les cinq secondes les plus violentes de la discographie entière du groupe, qui ont le pouvoir de contaminer la perception que l’on a de la suite de la chanson, de lui donner une nouvelle teneur. Avec « No vino, estaba enferma o de vacaciones », Le Mans compose peut-être sa plus belle chanson, une sorte de bossa nova à deux voix pleine de lumière et de pluie. Et puis il y a « Mi novela autobiográfica », qu’on serait tenté de qualifier de tour de force, rencontre entre un texte en forme de bilan ironico-désabusé qui doit faire rêver pas mal de chanteuses et une musique qui, dans le genre, frôle la perfection. La grande réussite du disque est de parvenir à atteindre cette variété des genres recherchée en faisant de chaque tentative un achèvement. Il n’y a pas un morceau à jeter sur cet album, chacun propose quelque chose de nouveau et montre à quel point le groupe est parvenu à trouver un style propre, laissant du même coup bien des regrets de voir cette aventure prendre fin (mélange de joie et de tristesse, une fois de plus). Mais Le Mans a le mérite de faire les choses dans les règles de l’art, et conclut son dernier album par « Sic transit gloria mundi », un adieu définitif, une volonté sans équivoque de tourner la page exprimée par des paroles sèches et nerveuses (« Acabemos con nostalgias / Desconsuelos y otras penas »[4]). Et  les derniers mots de Le Mans resteront pour l’éternité « la amargura del final »[5]. Ainsi passe la gloire du monde…

Le Mans a choisi de tout arrêter à l’instant précis où tout commençait à décoller (des critiques très favorables et une reconnaissance publique honorable aux Etats-Unis, au Japon, en Angleterre…), fidèle à son choix de départ de faire les choses sans arrière pensée. Une fois la fin du groupe consommée, chacun a suivi son chemin, ce qui ne changeait en vérité pas grand-chose à la vie des membres du groupe, puisque ces derniers n’ont jamais vécu de leur travail avec Le Mans. C’est ainsi que Jone Gabarain est retournée sur les plateaux de tournage, où elle officie en tant que maquilleuse, que Teresa Iturrioz a continué à donner des cours de cartographie dans une université madrilène, que Peru Izeta est parti à Barcelone diriger semble-t-il un cabinet de design tandis que Gorka Ochoa a retrouvé son groupe principal, El Joven Bryan Superstar. Ibon Errazkin est le seul autre à avoir poursuivi uniquement dans la voie musicale, en publiant deux albums, toujours chez Elefant Records, et en travaillant avec plusieurs autres artistes espagnols, dont Ana D ou Carlos Berlanga. Il gagne sa vie en composant des musiques de publicité, et fait ce qui l’amuse à côté. C’est ainsi qu’il retravaille fréquemment avec Teresa Iturrioz au sein d’une entité nommée Single, qui crée une musique tout ce qu’il y a de plus recommandable, trouvable chez Elefant Records, toujours. 
 
L’ensemble de la discographie de Le Mans a été rééditée chez Elefant Records[6]. Cette très chouette maison de disque a qui plus est eu l'extrêmement bonne idée de publier en même temps un album hybride, mi anthologie, mi compilation d’inédits, intitulé Catastrofe n°17. Cette démarche, souvent bien bancale, est ici une franche réussite, et l’on s’aperçoit que l’on ne savait pas encore toute la beauté de Le Mans. 


L’on soulignait plus haut à quel point il était difficile de traduire ou de trouver ne serait-ce qu'une équivalence au mot « saudade ». Mais après tout cette traduction existe peut-être, du moins une traduction hors du langage : c’est la musique créée par Le Mans. Elle est elle aussi traversée d’ombres et de lumières, insaisissable, irréductible à une définition arrêtée. Elle est un état de l’âme avant toute chose, un conflit perpétuel entre le cœur et l’esprit, la tristesse qui en découle et en même temps l’amusement né de la conscience de ce que tout cela n’a pas d’importance. Sans savoir pourquoi je pense à une scène du film Anna, à Anna Karina qui est la plus belle femme du monde et qui rit en pleurant, et pleure en riant. Au fond c’est peut-être ça, la saudade. Et c’est peut-être ça, Le Mans.


[1] Il s’avère en fait que si le groupe a choisi de se nommer ainsi, c’est que « Le Mans » écrit en rouge, ils trouvaient ça joli. Comme quoi, la vie tient à peu de choses…
[2] Les pochettes des albums de Le Mans ont toutes été conçues, et de belle manière, par Javier Aramburu (moitié du groupe Family) grâce à qui Le Mans a donc gagné une sorte d’identité visuelle.
[3] « Tout va mal / La fin du siècle, la fin du monde / Qui viendra me dire le contraire / Il suffit de regarder / Et d’avoir les yeux bien ouverts »
[4] « Qu’on en finisse avec la nostalgie / Le chagrin et autres douleurs »
[5] « l’amertume de la fin »
[6] Je reçois de la part de cette maison de disque un badge différent pour chaque simple évocation de leur nom ; ma collec’ va devenir sensass’ ! Blague à part, si vous leur passez une commande, ils ont pour coutume de vous envoyer des petits cadeaux avec ; ce sont donc de très chouettes copains.

1 commentaire:

  1. Moi j'ai trouvé ca très juste comme présentation. Tu as bien réussi à mettre des mots là ou ce n'était pas forcément évident.
    En tout cas, tu m'as donné envie de découvrir plus à fond les autres albums.
    Et pis j'aime bien la photo prise sur les toits de la Plaza Mayor, ca a de la gueule "comme même"!
    Kiki

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